Shinsekai : un quartier hors du temps

A Osaka, Shinsekai, situé dans l’arrondissement de Naniwa-Ku, est l’un des quartiers emblématiques de la ville. Longtemps considéré comme l’un des lieux les plus dangereux du Japon, il est aujourd’hui paisible et agréable

Un quartier dangereux ?​

On trouve encore de temps en temps des avertissements sur la dangerosité de Shinsekai sur des sites Internet. Même les habitants d’autres arrondissements ont affirmé qu’ils avaient peur d’entrer dans ce quartier lors d’un ancien sondage. Pourtant aujourd’hui, c’est un lieu incontournable lors de votre passage à Osaka. Alors d’où vient la mauvaise réputation de ce quartier ?

D’abord, des évènements jalonnant son histoire. Il est l’épicentre de plusieurs révoltes populaires ayant eu lieu après la Seconde Guerre mondiale. Ensuite, le quartier a connu de nombreux trafics et une forte prostitution dans ses rues. 

Pourtant, d’une manière paradoxale, c’est ce passé de quartier chaud et dangereux qu’il a eu durant des années qui a réussi à le préserver et à en faire ce lieu touristique immanquable.

Un nouveau monde utopique

Shinsekai veut dire littéralement : Nouveau Monde. Durant sa phase de construction , il fut aussi surnommé “Shin Paris” (新巴里- Nouveau Paris) ou encore “ni sen nichi” (第二千日 littéralement 2000ème jour). L’architecture des routes et des bâtiments avait pour modèle Paris et New York. Au centre se tenait la première tour Tsutenkaku qui était un mélange de la Tour Eiffel et de l’Arc de Triomphe.  Ouvert en 1912, le quartier de Shinsekai, à ses débuts, était un lieu de divertissement avec un grand parc d’attractions. De nombreux théâtres et cinémas furent aussi construits à cette époque. C’était un quartier très moderne et qui devait être la vitrine de l’environnement urbain du futur.

Shinsekai - Luna park
Shinsekai -Au commencement

Début du déclin de Shinsekai

En 1 923, le parc d’attractions qui n’a pas connu le succès escompté ferme ses portes. C’est le premier coup dur pour le quartier depuis son ouverture . En 1930 dans le quartier voisin, un cinéma moderne ainsi que l’un des premiers grands magasins ouvrentt leurs portes. Ainsi, Habeno devient le nouveau quartier de divertissement d’Osaka. C’est également un noeud ferroviaire important où peut se rendre facilement la population.

En 1 943, la tour Tsutenkaku, victime d’un incendie, est démontée. Le fer constituant la tour sert à la fabrication d’armes (nous sommes en pleine guerre mondiale). De plus, cela retire une cible trop facile pour les bombardiers américains. En 1945, lors du raid d’Osaka, la ville subit un pilonnement massif par les alliés. Le quartier de Shinsekai n’est pas épargné.

Photo après l'incendie
Démontage de la tour

Après la guerre

La reconstruction du quartier est faite à minima par les autorités à la sortie de la guerre.  Si la galerie marchande de JanJan est réouverte dès  1947, il faut attendre 1956 pour voir l’inauguration de la nouvelle tour Tsutenkaku. Le quartier connaît à ce moment là un fort déclin. Les jeunes issus de Shinsekai préfèrent aller dans les quartiers de Tennoji ou de Habeno tout proche. Les cinémas classiques laissent la place aux cinémas proposant des films pour adultes tandis que de nombreux théâtres ferment. Parallèlement, des salles de cinéma d’art et d’essais sont aussi ouvertes. La prostitution et les trafics en tout genre deviennent visibles dans les rues.

En 1958, une loi sur la prostitution fait baisser le nombre de travailleuses du sexe. Mais, de nombreuses salles de pachinkos et de Ma-jong ouvrent leurs portes. En 1961, les émeutes de Kamagasaki finissent de forger la réputation de Shinsekai. Il est devenu l’endroit le plus dangereux de la ville et la population affirme avoir peur de pénétrer à pieds dans le quartier. La paupérisation de ce dernier continu jusqu’à l’éclatement de la bulle immobilière du Japon qui entraine la récession du pays.

Renouveau et reconnaissance

À partir des années 1990, Shinsekai connaît un renouveau. Ce qui en avait fait un quartier pauvre devient son principal atout. En effet, les autorités n’ayant jamais beaucoup investi dans ce quartier même durant la flambée de la bulle spéculative, Shinsekai est resté presque identique à ce qu’il était lors de son inauguration en 1912.  Cette singularité couplée avec un essor du tourisme, local au départ et international ensuite, permet au quartier de revenir au premier plan.

De nombreux films, mangas ou romans prennent le quartier de Shinsekai comme toile de fond. Les Japonais, qui avaient peur de ce quartier, y reviennent pour retrouver l’authenticité de ce lieu hors du temps.

À partir du début des années 2000, le quartier de Shinsekai est devenu le rendez-vous de tous les touristes. Ce quartier atypique séduit toutes les catégories de visiteurs : les photographes amateurs, ou ceux en recherche d’un quartier historique. Même s’il est toujours considéré par certains comme dangereux, je n’ai jamais eu de soucis en me promenant que cela soit de jour comme de nuit.

La tour Tsutenkaku​

Point névralgique du quartier de Shinsekai, la tour Tsutenkaku se dresse du haut de ses 108 mètres.  Sa forme rappelle encore celle de Tour Eiffel. Chaque année, plus d’un million de visiteurs se pressent à l’intérieur. En haut de la tour, un point d’observation a été aménagé afin d’avoir une vue à 360 degrés du quartier et ses alentours.Vous y trouverez aussi l’étage réservé à Billiken, personnage emblématique de la ville d’Osaka. l’étage inférieur est un autre point d’observation avec, ce coup-ci une ambiance assez disco (lumière et musique).

Petite astuce, chaque mois, la couleur de l’éclairage extérieur de la tour change. Il est donc facile de savoir à quel moment la photo a été prise. Ce n’est pas la plus haute tour du Japon mais elle dégage une énergie incroyable. A ne surtout pas manquer.

Kushikatsu : la brochette frite de Shinsekai

Dans de la visite de Shinsekai, il faut s’arrêter pour manger la spécialité culinaire du quartier : les  kushikatsu. Il s’agit de sorte de brochettes (viande, poisson, oeuf ou légumes) panées et frites. Attention à ne pas le confondre avec les tempuras, autre spécialité du Japon.

Dans les restaurants, un large éventail de brochettes est proposé. Grâce à l’essor du tourisme, pratiquement tous proposent leurs menus en anglais et le coût d’un repas est assez bon marché. 

Pour manger ses brochettes, il faut les tremper dans une sauce. Les serveurs insisteront auprès de la clientèle étrangère sur le “one dip only”. On ne plonge qu’une seule fois sa brochette car le récipient de sauce, posé sur la table,  dedans car elle sert à tous les clients.

A découvrir également :

Osaka, la ville rebelle du Japon

Les photos

Shinsekai en 4 points

  • Quartier authentique d’Osaka avec une âme
  • Très touristique, il peut y avoir beaucoup de monde
  •  Profitez-en pour goûter les kushikatsu
  • Beaucoup de petits magasins pas chers

Les informations utiles

Comment y aller

Par le métro :

Descendre à Ebisucho (sortie n°3)

Coût 230 Yen depuis la gare d’Osaka

Pour aller plus loin :

site de la ville d’Osaka : page Shinsekai

Site : shinsekai.net

La carte

Ressources utilisées pour la rédaction de l'article

La publication a un commentaire

Laisser un commentaire